Blizzard de Flip Fabrique à La Tohu: que du bonheur!
L’excellente idée de ce Blizzard, la plus récente création de Flip Fabrique présentée à La Tohu, est d’avoir choisi un thème qui nous interpelle tous et de le traiter de manière ludique. Mais oui, il s’agit de l’hiver et, contrairement à d’autres spectacles de cirque qui se réclament d’un fil conducteur souvent énigmatique, Flip Fabrique aborde le froid et la culture qui y est lié avec une joie communicative et une narration limpide.
Les références sont toutes plus amusantes les unes que les autres : cette voix au début de plusieurs numéros parodiant les documentaires de l’Office National du Film des années 1940 et qui se déclare porte-parole du Ministère canadien du Froid, de la Froidure et du Brrrr…et qui nous introduit à ces classiques de notre civilisation québécoise : s’habiller avec de nombreuses couches de vêtements ou avoir la tentation de coller sa langue sur un morceau de glace, sans compter le bonheur des batailles de boules de neige précédé par le bonheur encore plus grand d’apprendre à la radio la liste des écoles qui sont fermées au lendemain de la tempête. Des moments que nous avons tous connus et qui font partie de notre ADN. La voix nous rappelle d’ailleurs à plusieurs reprises que l’hiver n’est pas une saison mais un mode de vie. En effet.
La mise en scène d’Olivier Normand et la direction artistique de Bruno Gagnon mettent en valeur les acrobates de la troupe qui vont illustrer tout cela avec beaucoup de précision et d’humour. Un décor minimaliste, une immense boîte rectangulaire qui remplira plusieurs fonctions tout au long du spectacle et des flocons de neige contribuent à créer et à rendre une atmosphère d’hiver extrêmement évocatrice. Les différents numéros de jongleurs (avec des boules de neige évidemment), de sangle aérienne, de trampo-muriste, de hula-hoop ou de main à main ne détonnent jamais dans ce contexte. Et les interventions clownesques de Bruno Gagnon (je crois bien ne pas me tromper d’artiste) sont remplies d’une imagination délirante mise au service de tous les clichés qu’on peut évoquer à propos de notre climat.
Ben Nesrallah, le pianiste et musicien de la troupe qui est constamment sur scène, contribue à l’excellence de ce spectacle. Il est le roc, le point d’appui sonore sur lequel reposent les numéros et il remplit ce rôle à la perfection. Les acrobates pour leur part exécutent leurs performances avec une force et une grâce admirables, nous laissant ahuris devant les capacités, la souplesse, la vigueur du corps humain. Ils sont tous détenteurs d’une solide technique et c’est un régal que de les voir briller individuellement ou ensemble.
Blizzard est un hymne à notre climat, un spectacle résolument charmant plein de clins d’œil et d’inventivité qui, d’une certaine façon, nous console et nous réconcilie avec ces longs mois d’hiver dont nous nous sentons trop souvent prisonniers. Ne l’oublions pas : l’hiver n’est pas une saison, c’est un mode de vie.
Crédit photo : Sébastien Durocher
Blizzard : à La Tohu jusqu’au 5 janvier avec des supplémentaires les 27, 28, 30 décembre et les 2 et 3 janvier 2020.