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Deux pièces pour Étienne Pilon: Vraiment?

Selon les informations sur la pièce que l’on retrouve sur le site de La Licorne, Deux pièces pour Étienne Pilon  de Jean-Philippe Lehoux explore notre rapport au culte de la performance, le don d’ubiquité que la société exige de nous et les conséquences de ce mode de vie. Mmmmmm…C’est également une tragi-comédie, nous dit-on. Mais je n’ai rien vu de tragique ou de comique au cours de ces deux heures d’un spectacle décousu, qui bifurque  et digresse constamment, où j’ai désespérément cherché un fil conducteur et surtout la voix de Jean-Philippe Lehoux qui n’apparaît dans le monologue de Myriam Fournier qu’à de très rares, trop rares, occasions. Bref, déception.

 

Ça se passe simultanément dans les deux salles du théâtre de la rue Papineau, je ne peux pas en dire trop car il y a des éléments de surprises mais ce qui se veut original et provocateur tombe singulièrement à plat pour cause d’absence de contenu. Myriam Fournier incarne Catherine Bourdages, une amie d’Étienne Pilon qui devrait être là mais n’y est pas. Cette Catherine n’est pas comédienne et son malaise à se retrouver seule sur une scène est palpable; elle s’en tire en nous racontant des bouts de sa vie ou en chantant et jouant de la guitare, assez joliment d’ailleurs. Les moments où elle parle de ses séances chez son psy et d’une date ratée dans une cabane à sucre sont les seuls moments où la plume de Jean-Philippe Lehoux, tendre et sarcastique, se fait sentir.

 

Surgit à un moment donné, Bob Ross, vous savez, ce type qui peignait à la télévision sur le réseau PBS dans les années 80. D’ailleurs ce qu’il peignait est à hurler. On ne sait pas trop ce que Bob Ross et son iconique afro vient faire là-dedans sauf donner une espèce de leçon de vie à Catherine. Étienne Pilon va se pointer en Bob Ross et la suite n’est qu’incohérences.

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J’aimerais tant vous dire du bien de ce spectacle. Je vais donc souligner les décors et accessoires de Julie Vallée-Léger qui a accroché sur les murs des toiles, natures mortes et paysages (des horreurs), à la Bob Ross; des cartes de souhaits tenues avec des épingles à linge sur des cordes suspendues, et qui a recréé l’intérieur d’un garage plus vrai que vrai avec les châssis doubles, les pots de peinture et toutes les bébelles qu’on peut y trouver. En fait, le décor a davantage de substance que tout le reste.

 

 Je n’ai aucune idée de ce que Deux pièces pour Étienne Pilon pouvait bien signifier ou ce qu’on a tenté de nous dire avec ce texte qui part dans toutes les directions et qui m’a donné ultimement l’impression d’un exercice en narcissisme 101, pas très réussi de surcroît. C’est dommage. J’aime Jean-Philippe Lehoux qui a ce pouvoir de mélanger dans ses textes le profane et le sacré, l’ironie lucide et une profonde humanité et qui avait réussi à me faire rire et à m’émouvoir avec Napoléon voyage et Normal. Cette fois-ci, ça n’a pas fonctionné pour moi.

 

Marie-Claire Girard

 

Crédit photo : Laurence Dauphinais

 

Deux pièces pour Étienne Pilon : Une production du Théâtre Hors Taxes en collaboration avec La Manufacture, à la Petite et Grande Licorne jusqu’au 6 septembre 2019.



25/08/2019
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