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Henri Barbeau: un bonheur pour les petits et les grands

C’est vraiment un spectacle adorable et inusité que nous propose le Théâtre Tortue Berlue. Adorable et inusité de plusieurs façons puisque ce théâtre, une initiative de Caroline Gendron, la directrice générale, se déplace dans un autobus coloré et festif et que les représentations, qui peuvent accommoder près d’une soixantaine d’enfants (et quelques adultes), prennent place à l’intérieur de ce même autobus aménagé de façon fort astucieuse. C’est une expérience unique où l’originalité se promène main dans la main avec une très grande qualité de texte et d’interprétation.

 

Henri Barbeau, le plus récent opus de cette compagnie, raconte l’histoire de ce petit garçon, Henri (une marionnette créée par Jako Lanterne). Sa mère est morte, son père est un peintre célèbre très occupé, Henri est pratiquement laissé à lui-même et dessine ou invente des machines pour passer le temps. Un jour ses dessins, habituellement fort corrects et définitivement réalistes, prennent d’autres formes et, comme animés d’une vie propre, se tournent vers le chaos et deviennent des barbeaux. Henri les expédie dans une machine de son invention mais les barbeaux vont prendre vie et se transformer en un personnage qui est un amas de fils colorés ressemblant à une peinture abstraite, à la fois drôle et un petit peu épeurant (qui, d’ailleurs, ressemble à Oscar the Grouch dans Sesame Street).

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Caroline Gendron est aussi la comédienne-manipulatrice maîtresse du jeu qui narre cette histoire, chante et donne vie aux marionnettes. Elle est divine. C’est grâce à elle que nous pénétrons dans cet univers où l’imaginaire adopte les couleurs de la vérité et où les protagonistes de papier mâché (?) semblent aussi humains que nous. La mise en scène de Fabien Fauteux est merveilleuse d’inventivité et exploite littéralement chaque centimètre carré de l’espace exigu qui est dévolu au spectacle. Et le texte, toujours de Fabien Fauteux, fait la démonstration que l’on peut aborder des thèmes difficiles ou complexes avec les enfants et le faire avec intelligence et sensibilité sans sombrer dans la guimauve ou le mielleux.

 

Et c’est la richesse de ces thèmes qui m’a éblouie au cours des 50 minutes de la pièce. Henri Barbeau nous entretient de l’art, de la solitude, de la perte et de l’absence, du rejet et de l’importance de l’imagination. De l’importance aussi de poser un regard différent sur les choses et les gens, de voir autrement. Et même si la pièce est remplie d’humour, il s’y trouve aussi un fond de tristesse, une empreinte de nostalgie. Parce que c’est ça la vie.

 

Henri Barbeau s’adresse aux petits de 4 à 8 ans, mais vraiment tout le monde peut y trouver son compte. Et puisque la pièce nous invite à voir et à observer différemment, j’aime plutôt que Tortue Berlue le fasse avec conviction, dans un autobus, à toutes sortes d’endroits et avec un charme fou.

 

 Crédit photo : Amélie Bélanger

Henri Barbeau : l’autobus se déplace à différents endroits tout au long de la saison de théâtre. Pour les lieux et les dates, consulter le site https://tortueberlue.com/produit/henri-barbeau/ ou alors la page Facebook de Tortue Berlue.



20/05/2019
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