Le Vaisseau-Coeur, une heure de bonheur musical et chorégraphique
Je connais toutes les salles de théâtre de Montréal mais je n’étais jamais allée à la Salle Bourgie pour un spectacle de musique. La salle est splendide et Le Vaisseau-Cœur également.
Je ne vais pas faire une critique de la musique, je ne connais pas suffisamment cela pour m’aventurer sur ce terrain. Mais ce que j’ai entendu, des œuvres d’Alexis Raynault, Francis Poulenc et Olivier Messiaen était très beau; le chœur de jeunes filles de l’école Joseph-François Perreault, l’orchestre du Ballet Opéra Pantomime I Musici de Montréal et l’atmosphère du lieu m’ont procuré un moment de beauté et d’apaisement, quelque chose que l’on ressent rarement dans notre monde échevelé.
C’est de la mise en scène dont je vais plutôt parler. Elle est de Cédric Delorme-Bouchard, ce génie de la lumière, dont j’avais beaucoup aimé Lamelles l’année dernière. Il possède un regard unique et original et sa maîtrise des éclairages contribue à raffiner son langage visuel et à créer des tableaux, des scènes et des images qui nous restent en tête autant pour leur beauté que pour leur ingéniosité.
Les quatre danseuses qui font partie du spectacle, Laurence Castonguay-Émery, Mélanie Chouinard, Jennyfer Desbiens et Myriam Foisy, vêtues de longues tuniques-pantalon rouges, manient de longs bâtons métalliques comme des déesses-ninjas ou encore des miroirs triangulaires captant des reflets inattendus ou kaléidoscopiques. Leurs gestes sont lents et mesurés et confèrent une dimension supplémentaire, géométrique, aux voix du chœur et à la musique. Il y a dans cette facture une stylisation du mouvement alliée à une harmonie des couleurs et des sons qui viennent chercher notre âme et notre cœur.
Le Vaisseau-Cœur est un très beau moment de musique et de danse, rempli de douceur et de force. Présenté seulement trois soirs la semaine dernière à la Salle Bourgie, on ne peut que souhaiter que ce spectacle soit repris. Avec sa durée d’une heure, il s’agit d’une introduction parfaite à cette alliance de la musique et de la danse contemporaines où rien n’est rébarbatif et où, au contraire, tout n’est que séduction.
Marie-Claire Girard