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Revue et corrigée 2019, plus court, plus efficace.

C’est une bonne mouture que ce Revue et corrigée 2019 qu’on retrouve chaque année avec la régularité d’une horloge sur la scène du Rideau Vert. Cette fois-ci, le spectacle dure une heure trente plutôt que deux heures trente avec entracte et ces performances resserrées comportent davantage de punch. Si quelques numéros tombent un peu à plat, certains autres se font mordants avec ce mélange d’humour et d’ironie qui caractérise l’écriture des textes de Cassandre Charbonneau-Jobin, Daniel Leblanc, Étienne Marcoux, Luc Michaud et Dominic Quarré.

 

Dans la mise en scène échevelée et réglée au quart de tour de Nathalie Lecompte, nous revisitons une année où se sont passées bien des choses : Greta Thunberg à Montréal, Denise Bombardier (avec un foulard Burberry autour du cou) critiquant le français des francophones hors-Québec, le changement de nom de la rue Amherst pour Atateken (mais ça ne se prononce pas comme ça s’écrit), les extravagantes envolées poético-lyriques de Jean-Marc Généreux à Révolution qui parle d’un numéro de danse d’une clarté énigmatique alors que ses glandes lacrymales sont en burn-out ; Bianca Andrescu est devenue la reine du tennis au Canada, détrônant une Eugénie Bouchard qui perd de plus en plus de plumes; les vêtements de Catherine Dorion ont occupé un espace démesuré dans les médias, rappelons-nous; le retour de Passe-Partout sert de prétexte à une explication de la loi 21 sur la laïcité avec une marionnette voilée; Caroline Néron auditionne devant les Dragons et, dans un numéro tordant,  Stephen Harper vient encourager Andrew Scheer après sa défaite électorale.

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Marc Saint-Martin est magique, comme toujours. Ses imitations sont hilarantes et il nous donne un Michel Bergeron plus vrai que vrai qui assiste au dévoilement d’une statue en hommage aux frères Stastny.  Martin Vachon est tout aussi fantastique entre autres en Alexis Brunelle-Duceppe clamant son amour pour son père à la télévision lors de la soirée électorale. François Parenteau tire son épingle du jeu mais semble avoir hérité des personnages qui provoquent le moins le rire. De son côté Julie Ringuette est toujours sublime, le talent de cette comédienne m’éblouit à chaque année et Suzanne Champagne, irremplaçable, demeure notre Trésor national. Ces comédiens sont de formidables et très aimables imposteurs et leurs imitations souvent plus que réussies, nous comblent en nous laissant éberlués.

 

Le dernier numéro parodie avec beaucoup d’acuité Disctrict 31 et le fait que les téléspectateurs soient souvent mêlés dans toutes ces intrigues compliquées nécessitant des explications. Explications qui sont d’ailleurs un outil du ressort dramatique, avec plus ou moins de pertinence parfois. Le résultat est tordant. Et ce qui fait la force des textes de Revue et corrigée c’est qu’ils ne sont jamais méchants et ne misent pas sur les coups bas pour faire rire. De plus, ils attisent un sain scepticisme face à tout ce qui nous est proposé quotidiennement dans les médias et sur les réseaux sociaux. Rien de tel comme de déboulonner des statues pour les rendre plus accessibles et pour mettre en exergue une vérité qui n’est pas toujours celle que l’on perçoit.

 

Je veux terminer en parlant de tous ces artisans de l’ombre qui contribuent au rythme fou et au succès de ce type de spectacle où chaque minute, chaque seconde doivent être parfaitement rodées : les costumes de Suzanne Harel assistée de Julie Pelletier, les accessoires d’Éric Henry et Alain Jenkins avec l’aide de Karine Cusson, les perruques et maquillages de Jean Bégin et d’Arlette Gauthier, les chorégraphies de Marie Deslongchamps, la musique de Christian Thomas et les éclairages de Lütz Studio. Tout ce monde, et bien d’autres, ont travaillé très fort et Revue et corrigée n’existerait pas sans eux. Et ils ont contribué à faire de cette quinzième édition de ce qui maintenant un classique, un spectacle rieur, doucement inconvenant, un petit peu provocateur et fort agréable à voir.

 

Marie-Claire Girard

 

Crédit photo : François Laplante Delagrave

Revue et corrigée : au Rideau Vert jusqu’au 4 janvier 2020. Et il y a des supplémentaires.



05/12/2019
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